La France reconnaît Ravalomanana comme président

ANTANANARIVO (AFP 03.07.2002) - La France a reconnu mercredi Marc Ravalomanana comme "président de la République" de Madagascar, une semaine après les autres bailleurs de fonds traditionnels, à l'occasion de la visite à Antananarivo de son ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin.

La visite officielle du premier ministre d'un pays étranger à venir saluer M. Ravalomanana, la signature avec son gouvernement de quatre conventions de financement pour un montant de 4,76 millions d'euros, et la poignée de main entre les deux hommes équivalent à une reconnaissance "de facto" de sa légalité et de sa légitimité.

Mais c'est dans un communiqué de l'ambassade de France présentant les quatre conventions que le terme "président de la République" a été utilisé pour la première fois par l'ancienne puissance coloniale et premier bailleur de fonds de la Grande Ile pour qualifier M. Ravalomanana. Il avait été proclamé officiellement le 29 mars vainqueur du premier tour de la présidentielle du 16 décembre 2001, et investi officiellement le 6 mai.

"Je suis heureux de vous annoncer que les relations entre la France et Madagascar sont désormais au beau fixe", a déclaré M. Ravalomanana après un entretien avec le ministre français.

Son rival, le président sortant Didier Ratsiraka, a fait savoir depuis son ultime bastion de Toamasina, le grand port de la côte est où il s'est réfugié depuis près de cinq mois avec son "gouvernement", qu'il "souhaitait" que M. de Villepin y vienne pour rencontrer le "président en exercice et seul président légal".

Rien de tel n'est prévu au programme de M. de Villepin, qui doit s'envoler dans la soirée pour Paris. Ultime camouflet pour M. Ratsiraka: son sort "n'a pas été évoqué durant l'entretien" avec M. de Villepin, a indiqué M. Ravalomanana. Après l'Allemagne, qui l'a fait mardi, la France est le second pays à signer des conventions de coopération bilatérale avec le gouvernement de M. Ravalomanana.

Les Etats-Unis ont été les premiers bailleurs de fonds à reconnaître officiellement le président Ravalomanana, le 26 juin, avec une lettre du président George W. Bush et le déblocage des avoirs extérieurs de l'Etat malgache gelés aux Etats-Unis depuis le début de la crise.

Auparavant, la Suisse, la Norvège et l'Australie, qui ne font pas partie du club des principaux bailleurs de fonds de Madagascar, avaient également reconnu le président Ravalomanana.

Lors de la commémoration du 42e anniversaire de l'indépendance le 26 juin, la France avait été le seul bailleur de fonds à n'envoyer aucun représentant de son ambassade, contrairement à tous les autres qui avaient dépêché leurs ambassadeurs, geste perçu comme une reconnaissance de fait de M. Ravalomanana.

Paris s'alignait alors sur la position de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA), en pleine tentative de médiation et qui refusait de reconnaître l'un ou l'autre des président.

Mardi soir, l'OUA a persisté en annonçant que le siège de Madagascar à la future Union africaine (UA), qui doit lui succéder lors du sommet de Durban les 9 et 10 juillet, restera vacant jusqu'à ce que des élections départagent les deux hommes.

M. de Villepin, qui a signé mercredi quatre conventions de financement pour un montant total de 4,76 millions d'euros, est le premier ministre d'un pays étranger à rendre une visite officielle à M. Ravalomanana. "La France, les Français, ressentent personnellement et profondément les épreuves et soufffrances endurées par le peuple malgache. L'émotion dans notre pays est grande", a-t-il déclaré.

Insistant sur la nécessité d'un retour à la "concorde" et la "reconstruction" de l'un des pays les plus pauvres du monde, précipité dans le gouffre par six mois de crise, le ministre français a promis qu'au-delà des conventions signées mercredi, il souhaitait une "rapide mise en oeuvre d'un certain nombre de projets complémentaires", pour un montant global de 15 millions d'euros.

"La France pourrait mettre en place une initiative du +Club des amis de Madagascar+ consacré à la reconstruction, sous l'égide de la Banque mondiale", a conclu M. de Villepin