Crise à Madagascar

22.05.2002 (deutsch)

Le CCFD s'inquiète des effets de la crise sur les populations les plus pauvres et incite la France à porter assistance à un peuple en danger.

Le CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développement) est extrêmement préoccupé des conséquences sociales, économiques et humaines de la crise politique que connaît Madagascar depuis le mois de janvier. En effet, la population malgache et plus particulièrement les plus pauvres subissent lourdement les conséquences de cette crise. Les principales villes du pays connaissent de graves pénuries alimentaires. Le secteur économique (formel et informel) est en faillite. Des actes d'intimidation et de violence allongent chaque jour la liste des morts et confirment la lente et sûre dérive du peuple malgache dans une guerre fratricide.

La proclamation officielle, lundi 29 avril par la Haute Cour Constitutionnelle malgache, du nouveau Président de Madagascar devait résoudre cette crise conformément à l'accord de Dakar signé par M. Ratsiraka et M. Ravalomanana et encouragé par l'OUA et la communauté internationale dont la France. Or, malgré cette proclamation qui donne toute sa légitimité au nouveau Président de Madagascar, l'impasse politique continue.

Le CCFD s'inquiète du silence de la communauté internationale et de l'attitude de la France qui préfère ne pas se prononcer sur une reconnaissance de M. Ravalomanana et prendre le temps " d'apprécier la nouvelle situation ainsi créée " (déclaration du porte-parole du Quai d'Orsay - 30 avril). L'absence de condamnation de la France peut être comprise comme un soutien implicite du comportement irresponsable et dangereux de M. Ratsiraka et ne peut que renforcer ce dernier dans son attitude de blocage.

Le CCFD salue la volonté de la France de ne plus s'ingérer à tout moment dans les affaires des pays africains et de l'océan indien. Mais, face à la gravité de la situation, notre pays ne peut se dégager de ses responsabilités vis-à-vis de Madagascar en restant prudemment retranché derrière la décision des pays africains médiateurs de l'accord signé le 18 avril à Dakar par M. Ratsiraka et M. Ravalomanana.

Persuadé que notre pays peut jouer un rôle important dans le dénouement de cette crise, le CCFD demande à la France de reconnaître sans tarder la Présidence de M. Ravalomanana, démarche qui pourrait contribuer à stopper l'entreprise destructrice de M. Ratsiraka et éviter une aggravation de la violence et des conditions de vie de la population.