Madagascar : Tentative de coup d’État par un général exclus de l’élection

Un militaire a été tué à la suite d’échanges de tirs à la base aéronavale d’Ivato (Tananarive) hier entre des éléments de l’armée malgache et des hommes du général Fidy. Ce dernier a annoncé la création d’un “directoire militaire” lorsque la Haute cour constitutionnelle n’a pas validé sa candidature à l’élection présidentielle du 3 décembre. En dehors de la fermeture éclair de l’aéroport d’Ivato, hier, le calme règne dans tout Madagascar.

Clicanoo 19.11.2006

La base aéronavale d’Ivato théâtre de la fusillade de samedi a été brièvement fermée.
La base aéronavale d’Ivato théâtre de la fusillade de
samedi a été brièvement fermée.
Photo: clicanoo

Le général Randriana-fidisoa était un ancien compagnon de route Marc Ravalomanana. Ayant très mal supporté son double limogeage du poste de directeur général de l’Omnis (Office malgache des mines) puis de la Secren (Société de construction navale), il est devenu un farouche adversaire du régime en place. Il a tenté de se présenter à l’élection présidentielle du 3 décembre prochain mais sa candidature a été refusée par la Haute cour constitutionnelle malgache. Le général Fidy, comme on l’appelle, n’a pas versé la caution que tout candidat doit déposer selon les lois en vigueur. Il n’a visiblement pas dit son dernier mot dans le combat qu’il a livré contre celui qu’il considère désormais comme son rival. Il a mis en place une stratégie digne des plus vieilles républiques bananières : à travers un tract qui a circulé dans la capitale et toutes les rédactions de Tanà, il prétend que : “Marc Ravalomanana n’est plus président de la République et que le pouvoir est actuellement entre les mains des forces Armées sous la direction du... general Fidy”. Personne n’a évidemment pris au sérieux le contenu de ce tract. Des membres de l’opposition qu’il aurait contactés ont refusé de rentrer dans le jeu de l’autoproclamation. Mais le général est passé aux actes en pénétrant avec quelques hommes dans le siège du ministère de la Défense, à Ampahibe, où il aurait voulu prendre armes et munitions. Mais le ministère était bien gardé malgré l’absence du ministre Petera Behajaina, en mission à l’étranger. C’est à la base aéronavale d’Ivato (Bani) que Fidy et sa troupe se sont ensuite repliés.

L’avion présidentiel dérouté sur Majunga

Ils y ont donné une conférence de presse annonçant “la création d’un directoire militaire en vue de la mise en place d’une transition, de la dissolution de l’Assemblée nationale et la création d’une assemblée constituante, du changement du code électoral voire de la Constitution”. Les mutins sont restés à la Bani toute la nuit de vendredi. Quand l’armée régulière a voulu les déloger, hier, à 4 heures du matin, des coups de feu ont éclaté. On parle aussi de deux officiers pris en otage par le camp du général Fidy, puis relâchés. À la suite de cet affrontement qui a fait un mort et un blessé, les autorités ont décidé de fermer momentanément l’aéroport international d’Ivato, situé à quelques kilomètres de la Bani hier matin. L’avion transportant Marc Ravalomanana de retour de Bruxelles a atterri, non pas à Antananarivo mais à Majunga où le président a prévu quelques meetings dans le cadre de sa campagne électorale à Befandriana, à Mampikony, à Port-Bergé et en centre-ville de Majunga. Quant au général Fidy et sa troupe, “Ils se sont volatilisés. On ne sait pas encore comment ils se sont enfuis”, indique une source officielle. À noter enfin que “ces événements n’ont eu aucune incidence sur le quotidien des Malgaches. C’est le calme plat ici. Nous n’étions même pas au courant qu’il y avait tout ça” témoigne un des 200 Réunionnais présents actuellement à Tana, pour assister à la décoration d’Octave Velliama dit Bengamin, patron de la société Sidex OI, considéré comme “le plus malgache des Réunionnais de Madagascar”.