Découverte d'une plante aux vertus écologiques et industrielles

Le Potentiel (Kinshasa) 01.03.2005

L'île de Madagascar s'engage dans l'ère du biodiesel. En effet, classée parmi les pays pauvres très endettés, elle vient de rendre possible, grâce à un partenariat avec la société britannique D1, l'exploitation d'une plante aux potentialités remarquables, le Jatropha curcas ou pignon d'Inde.

Connu sous différentes appellations à Madagascar, tanatanampotsy, vavavelona, kinanampotsy, kinanana ou voanongo, le Jatropha curcas pousse à l'état sauvage dans ce pays où il est utilisé diversement par les ménages selon les régions, selon un journal local.

Dans les zones productrices de vanille, notamment dans la région de Sambava (dans le Nord-Est), il sert d'arbre tuteur aux vanilliers. Mais l'éventail de l'usage du Jatropha curcas est bien plus large : l'huile extraite de ses graines peut servir à remplacer la bougie, à fabriquer du savon, voire à éloigner rats et insectes.

Quant aux tourteaux, ils remplacent le charbon pour la cuisson.

Mais avec D1, jeune compagnie britannique leader mondial du biodiesel en trois ans d'existence et cotée en Bourse, Madagascar va basculer dans une exploitation industrielle et énergétique du Jatropha.

Une coopération lancée dans le cadre du programme d'aide malgache Bamex (Business and market expansion).

Une troisième visite sur la Grande Île du Pdg de D1 et de son directeur Afrique a permis de signer un contrat de plantation de Jatropha sur une superficie de 100. 000 hectares.

En une semaine, écrit le Madagascar Tribune, les deux dirigeants ont rencontré des associations paysannes plantant le Jatropha, mais aussi des représentants gouvernementaux, différents responsables et tous ceux qui peuvent contribuer à la réussite de la filière.

Ils ont par ailleurs visité deux localités à fort potentiel de production de cette plante.

Dès cette année, le programme va commencer l'exploitation de 5.000 hectares.

Il est prévu quarante millions de dollars par an pour l'exploitation d'un terrain de 100.000 ha et la création de 25 000 emplois directs.

REPONSE AU PROTOCOLE DE KYOTO

En définitive, souligne La Gazette de la Grande Île, grâce à ce vaste projet, Madagascar sera en mesure de contribuer à la concrétisation du protocole de Kyoto.

Il semble que l'utilisation, à la place du gazole pur, d'un mélange de 1/5 de biodiesel et 4/5 de gasoil réduit de 80 % l'émission de CO2.

Reste à savoir si la filière est économiquement viable et rentable.

A cet égard, les dirigeants de D1 se sont montrés rassurants, car si le prix du biodiesel est encore élevé, sa diffusion n'est qu'une question de temps.

Et le journal de rêver que Madagascar devrait s'aligner au plus vite avec les grands pays producteurs tels que l'Inde (5 millions d'hectares) ou les Philippines (2 millions d'hectares). Courrier International/LP